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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juillet [1849], vendredi matin, 11 h. ½

Hélas ! Mon pauvre adoré, j’en suis encore pour mes frais de boustifailles, d’espérance, d’impatience et d’amour. Il n’est guère probable que tu viennes maintenant, aussi j’en suis toute déconfiturée. La pensée de te voir 2 h. ne peut pas me rabibocher suffisamment de mon déjeuner perdu. J’ai beau tirer dessus de toutes mes forces c’est beaucoup trop court pour [faire durer  ?] jusqu’à la joie que j’avais espérée à l’avance de cette espèce de partie fine. Et même si j’étais sûre d’être aimée comme autrefois je te montrerais toute l’étendue de mon chagrin et de ma déception. Mais dans le doute je garde ma tristesse et ma déconvenue pour moi. Je ne te demande pas ce qui t’a empêché de venir. J’aurais plus tôt fait de m’informer de ce qui aurait pu te faire venir. Dans l’état d’esprit, d’affaires et de cœur où tu es maintenant il faut que je renonce à tout espoir de joie et de bonheur. Cela vaut-il la peine de vivre pour vivre ainsi ? Si j’en crois mon cœur, c’est : non. À quoi bon en effet vivre sans bonheur quand on n’est utile à rien et à personne ?

Vendredi soir, 5 h.

Pendant que je t’écrivais des grogneries tu venais, mon pauvre bien-aimé, aussi j’en suis bien honteuse et bien heureuse.

Juliette

Collection particulière [Vente Morand & Morand, 14 septembre 2023]
Transcription de Florence Naugrette

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