25 juin [1849], lundi soir, 7 h. ¾
Je reviens comblée de bonheur, de joie, d’amour et d’adoration, mon cher bien-aimé. La journée d’hier restera dans mon cœur comme une des plus belles, des plus douces et des plus réjouissantes. Ce ravissant souvenir prend place dans mon cher petit musée d’amour parmi les plus charmants et les plus illustres de ma chère petite collection. Jamais je n’oublierai l’admirable soirée d’hier et les cris d’enthousiasme de ton beau garçon [1]. J’aurais désiré l’embrasser comme une fille pour l’adorable amabilité qu’il répandait autour de nous et quand son enthousiasme allait du chef-d’œuvre du bon Dieu aux tiens, j’ai cru que j’allais lui sauter au cou de reconnaissance de ce qu’il exprimait si gracieusement ce que je sentais dans ce moment-là avec toute mon âme. Ô tu es un homme béni, mon adoré, et toute ta ravissante famille avec toi. L’excès de mon amour se répand sur elle et je sens que je mourrais avec bonheur pour vous tous. Le bon Dieu a pu mettre des limites à la mer et lui dire : tu n’iras pas plus loin. Mais il ne l’a pas osé pour l’amour. Aussi le mien déborde sur vous de toutes parts et je ne sais pas moi-même où il s’arrêtera.
Juliette
Collection particulière (Vente Librairie Le Feu Follet, 2024)
Transcription de Jean-Marc Gomis