Guernesey, 11 mai 1865, jeudi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon adoré bien-aimé, je te souris à travers mes maussades préoccupations de prince [1] et je ferai ce qu’il te plaît, mon doux adoré, avec le désir bien sincère de triompher de ma sauvagerie et de ma gaucherie naturelles. Comment as-tu passé la nuit et comment va ta pauvre tête ce matin ? moi j’ai assez bien dormi mais j’ai un mal de tête fou ce qui ajoute encore à mon inquiétude car j’ai peur d’être forcée de me coucher tantôt. Je donnerais tout au monde pour être à demain avec la certitude que tout s’est bien passé. En attendant je te souris et je t’aime et je te bénis. Tâche de venir me diriger un peu tantôt car je crains de ne pas m’en tirer toute seule. D’abord il faudra me donner quelques soins à moins que tu ne le juges inutile. Je suis décidéea à faire ce que tu voudras de tout point dans l’espoir de te contenter. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16386, f. 122
Transcription de Claire Villanueva
a) « décidé ».