28 août [1850], mercredi matin, 10 h. ¾
Je me dépêche pour aller voir Eugénie avant l’heure où tu peux venir, mon bon petit homme. Mais, dans le cas où tu viendrais avant moi, tu trouveras ton ATELIER [1] dans le même état où tu l’as laissé et tu n’auras qu’à demander à Suzanne ce qu’ila te faut pour achever ton margouillis, ton gâchis et ton infamie. Je ne tarderai pas à rentrer tu peux en être sûr car rien ne me retient hors de chez moi lorsque je t’y attends et que je t’y espère. Il serait possible encore que je ne puisse pas sortir car le temps se couvre et paraît tourner à l’orage. Avec cela j’ai un grand mal de tête et une sorte de courbature générale peu encourageante pour la sortie. J’aimerais beaucoup mieux rester chez moi avec toi et régler ensemble une bonne petite quinzaine de vacances. J’espérais que ma lettre à Madame Chaumontel aurait amené une prompte et heureuse solution au problème si difficile d’une petite excursion ensemble. Il paraît que je me suis trompée et que j’ai fait de la rédaction HONNÊTE ET MODÉRÉE pour rien. Cependant il est impossible que je recommence à tirer mon collier de misère sans une pauvre petite quinzaine de répit [2]. Cette dame toute Chaumontel qu’elle soit ne peut pas l’exiger à moins d’être encore plus barbare que je ne suis féroce, plus Poléma que je ne suis Juju, plus atroce que je ne suis débonnaire, plus adroite que je ne suis stupide. Ce n’est pas impossible.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16368, f. 247-248
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
a) « ce qui ».