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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 août [1850], mardi matin, 8 h. ½

Vous savez que j’ai aussi un arriéré à vous payer ? Seulement, moi, je ne me fais pas tirer l’oreille pour le faire, tandis que vous…… ne réveillons pas cet affreux souvenir qui m’exaspère et m’humilie jusque dans les profondeurs de mon amour-propre. Encore si je pouvais espérer un petit voyage, une petite excursion grande comme ça. Mais c’est qu’il n’en est riena. Je n’aurai même pas le pauvre petit trajet de Paris à Caudebec. Je sens que c’est devenu presque impossible à cause de la disette d’auberges et de voyageurs, de la petitesse de la ville et du voisinage de Villequier. Tous ces petits obstacles accumulés rendent mon séjour dans cette charmante petite ville dangereux à cause des bavardages et des scandales qui en résulteraient probablement. Ainsi même, ces quelques doux moments que tu trouvais moyen de me donner autrefois, je ne les aurai pas cette année. Tu vois, mon pauvre bien-aimé, que je n’ai que trop sujet d’être triste et découragée puisque toute ma joie et tout mon courage me viennent de toi et de l’espoir d’être avec toi. Je ne veux pas t’affliger, mon bien-aimé, et je tâche de te sourire, mais mes yeux sont mouillés.

Juliette

MVHP, MS a8430
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « n’en n’est ».


13 août [1850], mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon Toto, bonjour, homme chiche, bonjour, avare de tout et d’amour encore pire, bonjour. Je vous aime, mais ce n’est pas de votre faute. Tout cela n’empêche pas que je ne suis à la veille d’une catastrophe auprès de laquelle celles de juillet et de février ne seront que des Idylles et des pastorales à rubans roses. Vous en serez la cause. Les poëtes ont toujours perdu la France et toutes les Jujus qu’elle contenait, c’est connu. J’aurais dû m’en méfier, mais j’ai toujours eu trop de confiance, témoin mes quarante-huit sous d’années et ma couverture chinoise. Que voulez-vous, je ne suis qu’une faible femme incapable de me défendre contre les filous, les marins, les pairs de France et les représentants de la législative. C’est un malheur et j’en subis les plus affreuses conséquences, absolument comme ma pauvre patriea. Cependant, ne vous y fiez pas trop car il pourrait se faire qu’elle et moi nous nous levassions en masse pour vous faire rendre gorge de tout notre saint-frusquin avec accompagnement de beaucoup de triques.

MVHP, MS a8429
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « pâtrie ».

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